À l’occasion de la sortie du Dernier loup de Jean-Jacques Annaud, j’ai rencontré Jiang Rong, 70 ans, auteur du best-seller, Le Totem du loup, dont est tiré le film.

C’est un homme passionné, qui défend ses convictions avec force. Il a répondu sans hésiter à toutes mes questions, y compris les plus politiquement « sensibles ». Voici la version complète de l’entretien paru dans L’Obs du 26 février 2015.

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Le dernier Loup s’efforce de respecter les grands thèmes de votre roman. Mais on n’y retrouve pas le sentiment tragique qui imprègne votre œuvre…

C’est vrai que mon livre est très pessimiste sur beaucoup d’aspects. Alors que le film, lui, laisse de la place à l’espoir… Mais je dois dire que le résultat dépasse mes espérances, moi qui doutais que l’on puisse jamais porter ce livre à l’écran. Il y avait trois grands problèmes dont je doutais qu’on puisse les résoudre. Tout d’abord, les loups de Mongolie, que personne n’a jamais pu dompter – et cette impossibilité est même le thème central du livre. On peut dompter des lions, des tigres, d’autres espèces de loups, mais pas cette espèce-là. Je ne le sais que trop, puisque j’ai moi-même voulu élever un louveteau et que ça a été un échec. On ne peut pas même leur imposer une laisse… De plus, il fallait faire jouer ensemble toute une meute. Comment régler le problème de l’agressivité interne à tout groupe de loups ? Le défi me paraissait insurmontable.

Sans la beauté de ce pâturage dans son état originel, l’histoire n’existe plus

Le second problème, c’était celui des pâturages, aujourd’hui entièrement dévastés en Mongolie-Intérieure. Quand j’y suis allé, c’était en 1967, il y a presque un demi-siècle. À l’époque, c’était la steppe originelle, sublime. Notre pâturage était d’ailleurs tout à fait exceptionnel. Situé au Nord-Nord-Est par rapport à Pékin, au piedmont Sud du la chaîne du Grand Khingan, c’est une steppe qui reçoit l’eau provenant des forêts, ce qui la protège de la sécheresse. La géographie est très variée : il y a des montagnes hautes, des pics enneigés, des collines, de vastes pâturages sillonnés de nombreux cours d’eau, de nombreux de lacs et plein de cygnes. Sur une superficie assez réduite, 10 000 kilomètres carrés, c’est très rare de trouver une telle diversité de paysages. C’est une des premières choses que j’ai dites à Annaud : admettons qu’on puisse s’en sortir du problème des loups avec des effets spéciaux, le problème du pâturage ne peut pas être réglé de cette façon. Sans la beauté de ce pâturage dans son état originel, l’histoire n’existe plus. Pour moi, le livre, c’est l’amour fou suscité par cette nature sublime. Si la nature n’est pas sublime, on ne comprend rien à l’histoire…

L’endroit est totalement détruit

Or je savais bien que notre pâturage avait été détruit depuis longtemps. D’une part à cause de la richesse de son sous-sol, on y voit partout des puits de mine, et des camions qui sillonnent la prairie en tous sens. Et aussi parce que, après la sortie de mon livre, notre morceau de pâturage est devenu un haut lieu touristique. Quand nous y sommes allés en repérage avec Annaud, nous avons croisé des dizaines de cars de touristes ! L’endroit est totalement détruit.

Le troisième problème, c’était la trame de l’histoire. Dans le livre, il y a une multitude de personnages et de récits imbriqués. Annaud m’a dit qu’il y avait de quoi en faire cent films. Il fallait absolument couper, élaguer, choisir. Il m’a demandé de m’en occuper. J’ai dû renoncer. Je n’arrivais pas à trouver le moyen de simplifier sans tuer le récit. Je lui ai dit : je ne connais rien au cinéma. Je ne sais pas comment faire.

Annaud m’a d’ailleurs dit que ce film est le plus difficile de sa carrière

Ces trois problèmes représentaient un défi considérable. Annaud m’a d’ailleurs dit que ce film est le plus difficile de sa carrière. Or il a résolu le problème des loups en trouvant le plus grand éleveur spécialisé au monde, un Canadien génial qui a réussi à faire jouer ensemble une meute de vrais loups de Mongolie. Il a résolu aussi le problème de la steppe. Pendant des semaines, nous avons sillonné ensemble la moitié de la Mongolie-Intérieure et la moitié de la Mongolie. En vain. Finalement, il a trouvé un pâturage, qui se trouve même être voisin de celui où j’ai vécu. À un carrefour, il y a une route que personne ne prend parce qu’elle part vers un coin où personne n’habite. Et ce coin-là, c’était exactement ce qu’il fallait, avec plein de lacs et de reliefs. Une steppe intacte, miraculeusement préservée, aussi merveilleuse que celle que j’ai connue il y a presque un demi-siècle.

Finalement, il a résolu le problème du scénario. Je trouve que le sien respecte les grandes lignes du livre.

Oui, je suis désespéré et d’ailleurs, il n’y a plus un seul loup en Mongolie-Intérieure

Mais la fin est très différente. Le louveteau élevé par le jeune Chinois s’échappe vers la Mongolie, et va perpétuer l’espèce. Or dans votre livre, il est tué… Votre fin est désespérée.

Oui, je suis désespéré et d’ailleurs, il n’y a plus un seul loup en Mongolie-Intérieure. Quant à la steppe, elle recule devant une désertification galopante. J’avoue que cela représente une vraie contradiction entre le livre et le scénario. Je trouve cependant la fin du film acceptable, car elle s’accorde au thème principal : l’importance du rapport entre l’homme et la nature, la nécessité brûlante de respecter les équilibres écologiques, et le rôle crucial que jouent les loups dans cette régulation.

J’ai voulu montrer que la culture han est profondément moutonnière, qu’elle ignore toute notion de liberté, de dignité

Il y a un autre grand thème dans votre livre, un peu sacrifié dans le film : le conflit à mort entre deux civilisations, deux rapports au monde, les éleveurs nomades d’un côté et les paysans de l’autre.

C’est exact, malgré la profusion des intrigues dans le livre, il y a au fond deux thèmes principaux : le rapport entre l’homme et la nature d’un côté, et de l’autre l’opposition entre deux types de peuples. J’ai voulu décrire l’affrontement entre deux esprits, deux caractères totalement opposés. D’un côté des guerriers, de l’autre des cultivateurs. Des loups et des moutons. Dans la longue histoire chinoise, la civilisation agraire des Hans a été vaincue à cinq reprises par des peuplades de pasteurs infiniment moins nombreuses. Pourquoi ? Les Chinois se posent la question depuis des siècles. Mais parce qu’un troupeau aura beau être immense, il n’est composé que de moutons bêlants qui cèdent toujours devant l’attaque… J’ai voulu montrer que la culture han est profondément moutonnière, qu’elle ignore toute notion de liberté, de dignité, contrairement aux « barbares » irréductibles qui préfèrent mourir plutôt que de se soumettre. Cet esprit indomptable, les Mongols disent qu’ils le tiennent des loups, tout comme leur art de la guerre. C’est pourquoi le loup n’est pas seulement le grand régulateur de l’équilibre naturel, c’est aussi le totem du peuple mongol.

 Un guerrier ne peut pas se laisser apprivoiser. Mais au cinéma, il faut choisir

Si le scénario se cale sur cette logique-là, le louveteau doit mourir : un guerrier ne peut pas se laisser apprivoiser. Mais au cinéma, il faut choisir. Du coup, ce thème, bien qu’essentiel, est passé au second plan. Nous avons préféré mettre l’accent sur le thème de l’environnement, certainement le plus crucial. D’abord historiquement, la question de l’équilibre écologique est préexistante. Longtemps avant qu’apparaisse une société agraire, le loup protégeait déjà la steppe qui, sans lui, aurait été dévastée par tous les rongeurs et herbivores qui y pullulent, les lapins, les marmottes, les gazelles, etc. Savez-vous que la couche de terre n’est épaisse que de 50 cm, et qu’en dessous, c’est du sable ? Si les mulots n’ont pas de prédateur, en quelques années il n’y a plus de terre, il n’y a que le désert. La question est encore plus brûlante aujourd’hui où l’on constate tant de ravages écologiques en Chine.

C’est sur notre mentalité paysanne que s’appuie le pouvoir despotique

Le ressentiment des minorités ethniques est également à son comble. Les Mongols, les Tibétains, etc. se révoltent d’ailleurs non seulement pour leurs droits culturels, mais aussi parce que la surexploitation de leurs terres, encouragée par le pouvoir, est en passe de détruire ce qui reste de leur environnement.

En effet, en Mongolie-Intérieure, la tension est très forte, il y a des heurts quotidiens entre les pasteurs et les sociétés minières qui démolissent la steppe. Mais je voudrais rappeler que le conflit particulier décrit dans mon livre entre paysans et éleveurs est interne aux Mongols : dans les années 1970, les cultivateurs qui affluaient vers nos pâturages n’étaient pas des Hans, c’étaient des Mongols sédentarisés. Après avoir détruit leur steppe en la mettant en culture en dépit du bon sens, ils venaient faire la même chose chez nous. Ils parlaient la même langue que les nomades, ils avaient les mêmes coutumes, les mêmes croyances… D’ailleurs, quand le livre a été publié, certains Mongols n’ont pas été ravis.

Ce conflit local m’a servi pour décrire le grand affrontement entre la vieille civilisation agraire chinoise et l’esprit libre des nomades dits « barbares ». Le problème de la Chine, voyez-vous, ce n’est pas tant son système politique actuel – qui polarise toutes les critiques – que son système mental immémorial. C’est sur notre mentalité paysanne que s’appuie le pouvoir despotique.

La vérité, c’est qu’il faut une maturation culturelle pour qu’un véritable changement politique puisse advenir

Il suffit de voir ce qui se passe aujourd’hui dans la campagne contre la corruption : plus de 90 % des cadres accusés de corruption sont en fait des paysans. C’est notre héritage historique. Depuis des millénaires, la Chine a développé une pensée adaptée au mode de développement agricole. De quoi le monde agricole a besoin ? Il a besoin d’une vie extrêmement calme et stable et d’un système familial avec à sa tête un chef incontesté. Ceux qui n’obéissent pas au chef sont exclus du clan, ils ne peuvent pas planter de céréales, ils ne peuvent pas se nourrir. Au niveau politique, le pouvoir impérial se calque sur ce modèle familial avec un « chef de famille » auquel tous ses « enfants » doivent obéissance. C’est sur cette base que le confucianisme s’est développé.

Une fois éliminés le système despotique, l’organisation bureaucratique des mandarins et l’idéologie confucéenne, il reste encore ce qui est le fondement de tout cela, c’est-à-dire la mentalité paysanne. Je suis persuadé que c’est dans le caractère agricole de la société chinoise qu’il faut chercher les résistances les plus profondes à la démocratie, à la liberté et au progrès scientifique.

Voyez ce qui se passe en Chine : on a beau réprimer les corrompus, il y a toujours de nouveaux corrompus pour les remplacer. Voyez ce qui se passe dans certains pays du Moyen-Orient : ils abattent un tyran et finissent par le remplacer par un autre tyran. Les élections démocratiques ne sont malheureusement pas un bouclier contre les dictateurs : elles n’ont pas empêché Hitler et Mussolini de prendre le pouvoir. Aujourd’hui, elles pourraient parfaitement mettre au pouvoir un leader religieux ! La démocratie ne peut pas tout. La vérité, c’est qu’il faut une maturation culturelle pour qu’un véritable changement politique puisse advenir.

Je pense que la Chine doit maintenant faire une réforme culturelle fondamentale, un véritable mouvement des Lumières

De ce point de vue, comment évaluez-vous la situation de la Chine ? Il y a eu beaucoup d’évolutions au sein de la société…

Absolument. Je pense que la Chine doit maintenant faire une réforme culturelle fondamentale, un véritable mouvement des Lumières. Car notre « fonds » culturel est imbibé d’idées propices à la tyrannie. Pour comprendre cela, il faut lire un roman célèbre de la littérature classique chinoise, Au bord de l’eau. Ce livre, c’est la quintessence de la pensée paysanne : l’idée principale c’est qu’il faut voler aux riches pour redonner aux pauvres, parce que tous les riches sans exception sont des salauds. C’est très problématique, car on voit bien comment ça entrave le développement économique. L’autre idée, c’est qu’on est empereur à tour de rôle, demain ce sera mon tour. Du coup, chacun veut prendre le pouvoir, et une fois arrivé au sommet, chacun va exiger la soumission de tous les autres. C’est ce qu’on a vu tout au long de l’histoire chinoise : des révoltes paysannes renversant la dynastie régnante, le chef des insurgés prenant le pouvoir, fondant une nouvelle dynastie tout aussi autocratique que la précédente, si ce n’est pas plus. C’est là que se trouve le problème le plus difficile de la Chine.

Je veux la démocratie. Mais la démocratie que je veux, ce n’est pas celle qui va élire demain un dictateur

Dans votre livre, vous ne ménagez pas vos critiques vis-à-vis du régime actuel. Vous avez vous-même connu la prison, en particulier après le mouvement de Tiananmen en 1989. Continuez-vous à défendre les idées de liberté et de démocratie ?

Je n’ai pas changé d’idéal. Je veux la démocratie. Mais la démocratie que je veux, ce n’est pas celle qui va élire demain un dictateur. Il n’y a qu’un moyen d’éviter cela, et c’est cette réforme en profondeur de notre propre terrain mental, cette révolution des Lumières. Ça demandera beaucoup du temps, plusieurs décennies, peut-être un siècle… En Occident, la même évolution a pris 300 ans, si l’on considère la Renaissance comme le point de départ. En France, il y a eu combien de bouleversements politiques jusqu’à l’établissement d’un État démocratique ? Aux États-Unis, jusqu’à il y a 50 ou 60 ans, les Noirs n’avaient pas les mêmes droits civiques… Or on oublie que la Chine moderne n’a que 70 ans, qu’elle vient de loin, qu’elle a déjà fait beaucoup de chemin. Il faudra encore beaucoup d’efforts pour changer toutes nos conceptions du droit, de la justice, de la liberté, de l’égalité… Il faut aussi que l’urbanisation ait entraîné une baisse drastique de la proportion des agriculteurs au sein de la population. Après seulement nous pourrons bâtir une vraie démocratie.

Les droits de l’espèce humaine ne sont pas supérieurs à ceux de la nature

Mon livre contribue à ce travail de base, de mûrissement des pensées, de critique de nos choix civilisationnels. Il montre qu’on peut s’inspirer de choix différents, comme ceux des Mongols. Je suis très fier que mon message ait trouvé son public, spécialement auprès des jeunes. Tout le monde n’a pas apprécié, mais il y a suffisamment de gens qui acceptent l’idée que la culture des nomades Mongols est tout à fait remarquable. Leur intuition géniale selon laquelle il y a la « Grande Vie », c’est-à-dire la steppe, la nature en général, et les « petites vies », c’est-à-dire tous les animaux – moutons, gazelles, chevaux, loups, etc., humains compris. Il existe une expression mongole qui dit : « Les petites vies dépendent de la Grande Vie pour leur survie ». Autrement dit, la planète peut exister sans les hommes, mais sans la planète les hommes ne peuvent pas exister. De ce point de vue, les droits de l’espèce humaine ne sont pas supérieurs à ceux de la nature, contrairement à ce qu’affirme la pensée occidentale qui donne à l’homme toute latitude pour soumettre, exploiter voire maltraiter la nature.

La culture mongole est une culture d’avant-garde, peut-être même la plus en flèche du monde

Les Mongols, eux, ont conservé des conceptions vieilles de plusieurs millénaires qui accordent la prééminence à la « Grande Vie ». À mes yeux, cette pensée est supérieure tant à la pensée occidentale moderne qu’à la pensée chinoise traditionnelle. Protéger l’écosphère revient à protéger les conditions d’existence de l’espèce humaine. Ces idées commencent seulement à trouver leur place, depuis que nous avons pris conscience de la fragilité de notre environnement. Mes lecteurs sont de ce bord-là, et je pense que l’opinion publique dans son ensemble l’est aussi. Au sein des dirigeants, surtout les dirigeants les plus haut placés, on en trouve aussi beaucoup qui partagent ces convictions, même si d’autres aspects de mon livre peuvent les heurter. Je sais que mon livre est apprécié par certains membres du Comité permanent du Politburo, et je trouve cela très encourageant.

Il faut savoir qu’en Chine, l’idée selon laquelle la culture mongole serait « arriérée » est encore assez répandue. Or, c’est faux, c’est même exactement l’inverse : la culture mongole est une culture d’avant-garde, peut-être même la plus en flèche du monde. Savez-vous que, quand un Mongol meurt, ses funérailles consistent à amener son corps quelque part dans la steppe et le laisser là pour que d’autres êtres s’en nourrissent ? C’est une idée admirable que de « rendre » à la grande Vie une partie de ce que cet être lui a pris pour pouvoir exister. Quelle autre société peur se vanter d’avoir des conceptions et des pratiques aussi remarquables ? Je pense qu’une des raisons du succès de mon livre en Chine, ça a été cette révélation de la grandeur d’une culture qui était tenue jusque là en très piètre estime.

Certains me traitent de traître, de vendu, d’autres m’accusent d’être un Mongol, sous-entendu un nationaliste mongol opposé aux Hans

Il existe aussi des nationalistes furieux aujourd’hui en Chine…

Bien sûr, et mon livre les énerve au plus haut point. Je crois qu’ils sont plus hostiles à mon égard que les plus hostiles au sein du pouvoir. Cette frange d’ultra-nationalistes me couvre d’injures. Certains me traitent de traître, de vendu, d’autres m’accusent d’être un Mongol, sous-entendu un nationaliste mongol opposé aux Hans. Je reçois des menaces de mort, contre moi et ma famille… Je pense que ces enragés se servent de ces polémiques autour de mes idées dans l’espoir d’attiser les conflits inter-ethniques, de façon à me rendre responsable des heurts qu’ils cherchent à déclencher. La tension est tellement vive entre les ethnies minoritaires et le pouvoir que ce n’est pas du tout exclu qu’une petite bagarre commencée sur internet dégénère et entraîne des morts… Je dois donc être extrêmement prudent et éviter de m’exprimer en public sur ces questions.

Mais je répète que le plus urgent, pour la Chine comme pour le reste du monde, c’est la survie de la planète. Et là, c’est la culture mongole qui nous montre le chemin. À quoi bon le développement, à quoi bon même la justice et la liberté, si nous finissons par tuer la nature ?

Le Totem du Loup vient d’être republié par Books Editions. La préface, signée Renaud de Spens, retrace l’histoire étonnante et mouvementée de Jiang Rong et de son livre.


Parution dans L’OBS N° 2625 — 26 février 2015