Xi Jinping et Wang Huning (au centre)

Xi Jinping et Wang Huning (au centre)

Derrière l’ambitieux train de réformes qui vient d’être annoncé à Pékin se cachent deux conseillers très particuliers du numéro un chinois Xi Jinping. Ils ont en commun leur extrême discrétion, leur formation aux États-Unis, leur réputation de « grosses têtes ». Mais là s’arrêtent les ressemblances.

Les deux chevilles ouvrières du programme qui devra guider la Chine au cours des dix prochaines années appartiennent en fait à des bords diamétralement opposés. Côté libéral, Liu He, 62 ans. Cet économiste diplômé de Harvard, réformateur assumé, est persuadé que la Chine doit se débarrasser du carcan étatique si elle veut préserver son développement. Plutôt que de favoriser le secteur d’État aux mains des grandes familles, la Chine doit axer son développement sur les PME et favoriser les consommateurs. Sa devise : « Le PC doit devenir un parti de gouvernement plutôt qu’un parti de révolution. » Côté conservateur, Wang Huning, 57 ans, politologue. Chef de file des « néocons », c’est un idéologue opposé à toute évolution démocratique. Selon lui, la Chine doit absolument préserver le système de parti unique, si elle veut continuer sa course vers la suprématie mondiale. C’est lui qui, après la déroute du communisme en 1989, a fourni au régime son nouveau credo : pouvoir fort et nationalisme. C’est à lui que l’on doit les thèmes et jusqu’à la phraséologie mise en avant par les dirigeants successifs : les « trois représentations » de Jiang Zemin, la « société harmonieuse » de Hu Jintao, et maintenant le « rêve chinois » du nouveau numéro un. Xi Jinping, qui veut s’inspirer de Deng Xiaoping – un réformisme tous azimuts dans une main de fer –, a trouvé son tandem de conseillers yin et yang. Reste à savoir si la formule peut sauver un système écartelé par de profondes divisions.


Parution Le Nouvel Observateur 28 novembre 2013 – N° 2560